Texte de Prière Pour la semaine de l’Unité des Chrétiens

Samedi 23 Janvier 2021 église d’Ampuis

Selon l’Evangile de Saint Jean
« Je suis la vigne, vous êtes les sarments »
(Jn 15,5)
Moi je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. Il enlève tout sarment qui, uni
à moi, ne porte pas de fruit, mais il taille, il purifie chaque sarment qui porte du fruit,
afin qu’il en porte encore plus. Vous, vous êtes déjà purs grâce à la parole que je
vous ai dite. Demeurez unis à moi, comme je suis uni à vous. Un sarment ne peut
pas porter de fruit par lui-même, sans être uni à la vigne ; de même, vous non plus
vous ne pouvez pas porter de fruit si vous ne demeurez pas unis à moi. Moi je suis
la vigne, vous êtes les sarments. La personne qui demeure unie à moi, et à qui je
suis unie, porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire. La
personne qui ne demeure pas unie à moi est jetée dehors, comme un sarment, et
elle sèche ; les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent. Si
vous demeurez unis à moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce
que vous voulez et cela sera fait pour vous. Voici comment la gloire de mon Père se
manifeste : quand vous portez beaucoup de fruits et que vous vous montrez ainsi
mes disciples. Tout comme le Père m’a aimé, je vous ai aimés. Demeurez dans mon
amour. Si vous obéissez à mes commandements, vous demeurerez dans mon
amour, tout comme j’ai obéi aux commandements de mon Père et que je demeure
dans son amour.
Je vous ai dit cela afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. Voici
mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y
a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis
si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, parce
qu’un serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous appelle amis, parce que je
vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. Ce n’est pas vous qui
m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ; je vous ai donné une mission afin que
vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. Alors, le Père vous
donnera tout ce que vous lui demanderez en mon nom. Ce que je vous commande,
donc, c’est de vous aimer les uns les autres.
La Bible Traduction œcuménique TOB

Prière pour l’Unité des Chrétiens

 Célébration Oecuménique église d’Ampuis 23 Janvier 2021

 Homélie de Madame Françoise Perrier-Argaud , présidente du conseil presbytéral de Vienne-Roussillon-St-Vallier

Parler de vigne à Ampuis, nous savons tous ce que c’est, couper les sarments, aussi. Parler de vigne peut évoquer encore beaucoup d’autres choses pour nous. Quand Jésus utilise cette image, elle est loin d’être neuve. Dans le premier Testament, la vigne représente le peuple que Dieu s’est choisi. Et les prophètes annoncent l’amour ou la colère de Dieu avec cette image.

Jésus va mettre en scène cette image du peuple-vigne. Voilà donc une image de la vie de tous les jours. Pourtant, Jésus, dans l’évangile de Jean, opère un véritable déplacement du sens de l’image. La vigne n’est plus le peuple que Dieu s’est choisi, mais Jésus lui-même.

Je suis la vraie vigne, c’est moi qui suis la vraie vigne… Dans cet évangile, Jésus énonce sept « Je suis » : Je suis le pain de vie, je suis la lumière du monde, je suis la porte, je suis le bon berger, je suis la résurrection et la vie, je suis le chemin, la vérité et la vie, et enfin, le dernier « Je suis la vigne, vous êtes les sarments ».

Sept « je suis » qui devrait permettre au lecteur d’en savoir un peu plus sur Jésus, mais qui dévoilent sans dévoiler. Jésus reprend à son compte, ce “Je suis “. Il dit quelque chose de son identité, mais elle reste insaisissable, comme celle de son Père.

 Si le peuple est la première vigne, Jésus, lui, est la vigne véritable, choisi par Dieu, parce qu’il est toujours demeuré dans l’amour du Père. Son identité, Jésus ne l’a pas conquise, elle lui a été donnée par son Père. Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron.

 De la même manière, les sarments, vous, moi, catholique, protestant, peuvent accueillir une nouvelle identité. Une identité donnée, une identité de sarment ?

 Je suis la vigne, dit Jésus, vous êtes les sarments. Je n’ai aucune envie, mais alors là, vraiment aucune envie d’être un sarment. Attachée à la vigne ? Soumise au caprice de celui qui va couper ou ramasser la grappe ? Condamnée à n’être que celui qui porte le fruit, sans aucune décision ? Inacceptable. Sans compter que Jésus ajoute : tout sarment qui ne porte pas de fruit, on l’enlève. Et celui qui en porte, on l’émonde pour qu’il en porte davantage ! Vraiment, cette image est extrêmement pénible pour un être humain épris de liberté !

 

Pourtant, la liberté n’est pas nécessairement antinomique de l’attachement. Il y a lien et lien, lien d’amour et liens prisons, lien d’attachement qui porte du fruit, et lien de contrainte qui est stérile. Le lien auquel le Christ nous invite, est un lien de vie qui ne nous prive aucunement de notre liberté. Être lié mais libre. Voilà une réalité difficile car elle est à plus vivre qu’à comprendre, à vivre ensemble, les uns avec les autres. Il s’agit, plus du lieu d’enracinement, du lieu où l’on puise sa nourriture.

 Je suis la vigne, vous êtes les sarments : cette situation de sarments, cette condition de disciple nous est donnée. Nous n’avons pas choisi de recevoir l’Évangile, d’être rencontrés par le Christ ; c’est un don. Nous ne pouvons pas nous en glorifier de cette condition de disciple qui est la nôtre, elle nous est donnée gratuitement. Pourquoi moi, pourquoi vous ? Cela nous échappe complètement. Sur la vigne, il y a des sarments. C’est ainsi. Plus encore, sur la vigne qu’est le Christ, les sarments sont très divers. Certains portent un peu de fruits, d’autres beaucoup. Et puis certains n’en portent pas. Sur la vigne-Christ, certains sarments sont secs. J’avoue être restée bouche-bée devant ce verset. « Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il l’enlève ». Il est fréquent d’entendre des discours religieux qui partagent le monde en deux : d’un côté ceux qui suivent le Christ, et de l’autre ceux qui ne le suivent pas. D’ailleurs, « ne juge-t-on pas l’arbre à ses fruits ? ». Mais pourtant, en Christ, il y a des sarments qui ne portent pas de fruit. En Christ. Pas en dehors de lui. Et c’est le Père qui fait le patient travail de taille.

 Ce petit verset est précieux : il me redit, si c’était nécessaire, que le jugement n’est pas mon boulot. Ce n’est pas à moi, ce n’est pas à nous de savoir qui fait bien ou pas, qui est dedans ou dehors, qui est appelé et qui ne l’est pas, qui est juste devant Dieu et qui ne l’est pas. Nous n’avons pas à nous mêler de cela. Ce n’est pas notre boulot !

 Quant aux sarments, à tous les sarments quels qu’ils soient, ils ont reçu un don : l’identité de sarment. Et ce don appelle notre reconnaissance. Chaque jour, nous pouvons remercier Dieu pour les frères et sœurs qu’il place sur notre route.

 Ah oui, parce que bien sûr, tout autour, il y a d’autres sarments. C’est aussi un fameux don que tous ces frères et sœurs autour. Certes, je ne les ai pas choisis. Certes, il arrive que nous subissions nos voisins de vigne. Pourtant, là encore, c’est un don qu’il nous faut apprendre à recevoir en rendant grâce. On ne choisit pas là où l’on pousse et qui pousse à nos côtés. Mais nous pouvons apprendre à rendre grâce !

 On pourrait encore disserter longtemps sur l’Eglise universelle ou catholique. Quand nous sommes séparés de nos frères et sœurs, nous sommes détachés du Christ lui-même. Cette image nous interpelle vigoureusement sur notre capacité à surmonter nos désaccords, au nom de notre identité semblable et donnée de sarment.

 Le don qui est fait aux sarments n’est toutefois pas sans contrepartie puisqu’il leur est demandé de porter du fruit. Mais ce fruit consiste simplement à accepter ce que le Christ fait en nous.

 Quelque soit le service auquel nous sommes appelés, il est de notre responsabilité de répondre présent. Ce service est notre joie et celle de l’Eglise toute entière.

 Amen